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il sera facile de le voir par diverses remarques que nous ferons sur ce sujet : mais quoi-que la question ne soit pas de sçavoir ces animaux sont de vrais poissons ou non, nous ne laisserons pas d’examiner d’abord les raisons dont l’Auteur se sert pour les exclurre du rang des vrais poissons ; les voici mot à mot.

« Le propre des poissons en général, dit-il[1], c’est d’avoir des oüies, des arêtes, des nageoires, & peu ou point de sang. Si l’on joint à tout ceci qu’un poisson est une sorte d’animal qui ne peut se passer d’eau, & qui ne peut vivre ailleurs, on aura la veritable idée de sa nature. Tous les animaux marins, ou qui s’aiment dans l’eau, ne sont donc pas poissons : ceux-là ont besoin d’eau pour leur commodité, ou leur bien-aise ; ceux-ci meurent par tout ailleurs. Les poissons pourront bien vivre quelque tems sur terre, mais les autres parviendront même à y vivre continuellement : ainsi la Tortuë s’accoûtume à la terre sans avoir besoin d’eau : car on sçait que les Tortuës de terre sont originairement les mêmes que celles de mer. De même les Grenoüilles, si amies des marais, s’accoûtument à vivre dans les buissons, & au milieu d’arides campagnes. Il n’en est pas de même des vrais poissons ; car

  1. P. 157 de la 1. édit. & 261. & 262. de la 2e. tom. 1.