Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/397

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fruits, d’herbes, &c. Il a l’odeur & le goût du poisson ; mais c’est une trés-mauvaise nourriture, dont l’usage est néanmoins commun dans plusieurs Maisons Religieuses. La chair en est dure, coriasse, & remplie de sucs grossiers, qui ne peuvent produire qu’un sang visqueux & mélancolique. Le Loutre ne laisse pas de trouver place quelquefois sur les bonnes tables ; on le mange d’ordinaire ou cuit au court-boüillon, & servi à sec dans une serviette avec du persil ; ou rôti, soit sur le gril, soit à la broche, & servi avec une sauce de haut goût. Mais de quelque maniere qu’on s’y prenne, on n’en sçauroit faire un bon mets, ni pour le goût, ni pour la santé.

Le Castor, en Latin Fiber, & en vieux François Bievre, est un quadrupede, moitié chair & moitié poisson, lequel a le corps court, massif, & de la grosseur de celui d’un cochon de six mois, la peau couverte de poils doux, la queuë longue d’environ un pied, épaisse d’un pouce, plate & sans poil, large de quatre doigts, écailleuse & grise ; les jambes de devant, semblables à celles du Blaireau, & les jambes de derriere, à celles du Cigne : il mange sur terre des écorces de saule, des feüilles d’arbrisseaux, des