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tabidis non debet exhiberi, nisi aliis admixta carnibus delicatioribus simul concisis[1]. Quelques-uns s’imaginent encore, qu’il n’y a pas de meilleur moïen pour se faire un tempérament fort & robuste, que de vivre de Tortuës, & la raison, c’est qu’elles ont la vie fort dure ; jusques-là même que si aprés les avoir détachées de leur écaille, par la violence du feu, on les remet toutes vives dans la mer, elles font une nouvelle écaille. On ne peut nier que la Tortuë n’ait la vie fort dure ; mais de croire que pour cette raison, elle soit propre à fortifier le tempérament, c’est raisonner aussi sçavamment que l’Auteur du Traité des Dispenses, qui croit que parce que le Brochet vit des siécles entiers, ce poisson est propre & comme fait pour donner de la santé[2]. Il y a des personnes à qui la Tortuë peut faire beaucoup de bien. C’est à ceux qui ont l’estomac bon, mais le sang trop bouillant, & la bile trop exaltée, car la chair de cet animal tient de la qualité de son sang qui est fort froid. Que le sang de la Tortuë soit froid, c’est un fait certain par l’expérience, & qui ne doit pas paroître extraordinaire, si on fait reflexion que la plûpart des animaux qui n’ont presque point de cerveau, com-

  1. Petrus Gontier, ibid.
  2. Pag. 144. de la 1e. édit. & p. 240 de la 2e. tom. 1.