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de la Perche ; aussi le Brochet ne convient guéres aux infirmes, comme nous le remarquerons dans un moment. Le foïe de ce poisson est bon à manger ; mais les œufs n’en valent rien. Le Brochet s’apprête de plusieurs façons differentes. Il est assez sain, soit à la sauce d’Allemagne, soit au bleu, soit rôti à la broche. Plusieurs le mangent frit ; mais il est alors beaucoup plus difficile à digerer[1]. Le Brochet en casserolle ou au beurre roux, est encore assez mal-sain, sur tout quand il est lardé d’anguille, selon l’usage ordinaire ; car l’anguille est déja fort mal-saine de sa nature, ainsi que nous le verrons plus bas. On trouve dans l’estomac du Brochet une veritable présure, qui caille le lait, comme fait la présure ordinaire[2] : les fromages, qui sont faits avec cette présure, ne sont pas plus défendus en Carême que le lait simple. Au reste, les vieux Brochets, & ceux qui se nourrissent dans des eaux bourbeuses, sont fort mal-sains.

L’Auteur du Traité des Dispenses, dit qu’un poisson, « aussi plein de vie que le Brochet, puisque les plus énormes plaies ne le peuvent tuer, & si sujet à vieillir, puisqu’il survit à des siécles

  1. Voïez-en la raison plus haut, p. 265.
  2. Pierre Gontier, lib. 13. cap. 3.