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macs ; de la tissure de ses fibres, qui la rend si rebelle à la digestion ; de sa facilité à se corrompre ; de sa difficulté à se distribuer, &c. Si la grande consommation qui se fait de la carpe, au consentement de tout le monde, est la meilleure apologie qu’on puisse faire de ce poisson ; la consommation encore plus grande qui se fait de la viande, au contentement de beaucoup plus de gens, devra justifier pleinement cette nourriture.

« Quelle apparence enfin, dit-il, que la Providence ait mis entre les mains, & à la discretion de tout le monde, un poisson mal-faisant, l’aïant d’ailleurs rendu le plus fecond de tous, puisqu’il porte six fois l’année ; ne seroit ce point, au contraire, pour nous apprendre que l’usage en seroit seur en Carême principalement, où cette Providence a permis que la Carpe fût dans toute sa bonté. »

Nous n’avons garde de toucher à une preuve si solide ; la carpe est à la discretion de tout le monde ; la carpe fait des petits six fois l’an ; la carpe, comme l’alose[1], est tout justement dans sa bonté, quand le Carême arrive ; il

  1. Voïez ci-dessus, p. 322. où il est dit que l’alose doit être regardée comme un present du ciel, puisque le ciel permet que ce soit sur tout en Carême que l’alose paroisse dans toute sa bonté, & en abondance.