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met un morceau de linge blanc pour tout appas. C’est un poisson excellent, qui étoit fort célébre chez les Anciens, comme on le peut voir dans Athenée, quoi-que Galien n’en parle point. Ce poisson a une chair blanche & ferme, un peu plus séche que celle de la Truite & du Saumon, mais d’un goût aussi agréable. Elle se digere aisément, elle nourrit bien, & n’est point sujette à se corrompre dans l’estomac. La Brame se mange ordinairement rôtie, ou au court-boüillon ; on la sale aussi pour la garder ; mais alors elle perd beaucoup de son bon goût, & n’est pas si saine. On l’appelle à Rome le Poisson saint Pierre[1], parce que le peuple prétend que c’était une Dorade, que ce poisson, dans la bouche duquel saint Pierre trouva miraculeusement la piece de monnoïe avec laquelle il païa le tribut à Cesar.


DE L’ESTURGEON.

C’est un grand poisson, de la pesanteur de cent livres, lequel a la tête longue & quarrée, le museau pointu, avec deux poils de barbe de chaque côté, la bouche sans machoire & sans dents, le corps long & presque rond, le dos bleu, relevé de grosses écailles

  1. Petrus Gontier, lib. 2.. cap. 20.