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ptible de corruption que le lait, c’est cependant celui que la nature donne aux animaux dés qu’ils sont nez. Une nourriture moins facile à se corrompre, resisteroit à la digestion de leur estomac : par où on voit qu’un aliment facile à s’alterer, n’en est quelque-fois que meilleur.

S’il veut dire que la viande a plus de facilité à se corrompre dans l’estomac qu’à s’y digerer, il doit encore sçavoir que cet aliment ne causa jamais tant de cours de ventre & de rapports, que les fruits & le poisson. Pour ce qui est de la difficulté à se distribuer, on lui seroit bien obligé s’il vouloit nous communiquer les raisons qui le portent à croire qu’une aile de poulet, par exemple, se distribuë moins aisément dans le corps, qu’un morceau de moruë ou de saumon. Quoi-qu’il en soit, nous verrons à la fin de cette premiere Partie, que nôtre Auteur est trés-peu d’accord avec lui-même sur tout ce qu’il avance contre la viande. Qu’il nous soit permis, avant que de nous engager plus loin, de faire ici une petite digression.

Le poisson étant quelque chose de si sain, & la viande quelque chose de si mortel, ne seroit ce point pour cette raison que les Romains n’épargnoient rien pour avoir du poisson ? Il n’en