Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’Auteur a raison, il prend le bon parti ; il a bien pû voir, en effet, que quelque chose qu’il eût pû dire contre cette nourriture, le monde se seroit calmé sans peine là-dessus, par la seule consideration d’une experience continuelle de quatre ou cinq mille ans, depuis le Déluge[1]. Disons plûtôt que c’est pour s’exempter de la preuve, qu’il suspend si volontiers son discours : il emploïe pour cela une figure de Rethorique ; mais ce n’est pas de figures de Rethorique qu’on se païe en Medecine, on veut des raisons, & des raisons solides, fondées sur des faits & des experiences : car de s’en tenir à s’écrier, que n’auroit pas à dire, &c. c’est annoncer qu’on n’a rien à dire. Si la viande est si mal-faisante, le sujet merite bien qu’on en instruise le public. Il faut montrer ce que c’est que ces souffres malins & empoisonnez, qui la rendent si pernicieuse, autrement c’est tomber dans le même inconvenient de celui, qui pour faire voir, par exemple, combien le Traité des Dispenses est different d’un Ouvrage solide, se contenteroit de s’écrier : Que n’auroit-on pas à dire des contradictions continuelles de

  1. Lettre du R. P. le Brun, de l’Oratoire, à Monseigneur l’Archevêque d’Aix, sur le Traité des Dispenses.