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NEUVIÉME RAISON.


La viande est remplie de soufres malins ; elle rebute l’estomac par l’horreur de sa graisse ; elle est rebelle à la digestion, par la tissure de ses fibres ; elle se corrompt aisément.



L’Auteur du Traité des Dispenses, pour relever davantage le merite du poisson, paroît tout disposé à faire trembler le genre humain sur l’usage de la viande. Cette nourriture, selon lui, est dangereuse pour la vie, & il ne faudroit, pour s’en convaincre, dit-il[1], « qu’examiner les inconveniens ausquels nous exposent les chairs des animaux. Que n’auroit-on pas à dire contre la malignité de leurs soufres qui les rend si fort inflammables, contre les horreurs de leurs graisses qui rebutent tant d’estomac, contre la tissure de leurs fibres qui les rend si rebelles à la digestion, contre leur facilité à se corrompre, contre leur difficulté à se distribuer ? Mais ce seroit prêcher les sourds ; comme cet usage a la prescription pour lui, on courroit risque de n’y pas réüssir ; il sera donc plus modeste & plus seur de laisser le monde dans ses droits sur la viande. »

  1. Pag. 171 de la 1e. édit. & p. 307. de la 2e. to. 1.