Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rême ; mais de quelque maniere qu’on les mange, il n’y a qu’à en manger peu & rarement, & elles ne feront point de mal. Les anciens Athletes se nourrirent d’abord de figues ; mais ils reconnurent bien-tôt le danger qu’il y avoit d’en faire un aliment ordinaire, & ils se virent obligés de les abandonner.

Elles sont nuisibles aux Mélancoliques, parce qu’elles font un chyle, qui tire sur l’aigre, & qui aigrit davantage la masse du sang, qui n’est déja que trop acide dans les Melancoliques. Elles peuvent être accordées aux bilieux, & à ceux qui ont le sang acre ; parce que par leurs parties acides & sulfureuses : elles corrigent le sel alcali, dont le sang de ces sortes de personnes est rempli.

Il a été un tems où ce fruit chez les Grecs étoit si estimé, que si on avoit vû de l’or d’un côté, & des figues de l’autre, on auroit laissé l’or pour se jetter sur les figues[1] ; mais c’est qu’elles étoient alors extrêmement ra-

  1. Non. ibid. Quantâ apud Græcos in æstimatione fuerint ficus, versus Ananii Poetæ docent. Quibus auro ficus præstantiores asserit. καὶ σῦκα βαιὰ, καὶ δύ’ ἢ τρεῖς ἀνθρώπους γνῴη γ’ ὅσον τὰ σῦκα τοῦ χρυσοῦ κρεῖσσον