Gontier ; c’est-à-dire, Gontier l’a dit. Or voïons si Gontier dit la chose comme une Observation qu’il ait faite ; en ce cas la preuve sera bonne, puisqu’elle aura pour fondement l’experience. Voici donc les propres paroles de ce sçavant Medecin : Napus renes calefacit, & pectori magis conducit, venerem stimulat, visui conferre creditur ; c’est-à-dire, le navet échauffe les reins, il est convenable à la poitrine, il excite des mouvemens veneriens : on croit qu’il est bon à la vûë, visui conferre creditur,, par où on voit que Gontier donne la chose comme un oüi dire, & par consequent comme un point à examiner, dont il ne prétend point se rendre garant. L’Anonyme, cependant, prend occasion de-là d’avancer comme un fait constant, que le navet fortifie & conserve la vûë. Ce sont les Arabes qui ont fait passer le navet pour bon à la vûë ; & cela seul devroit rendre la chose suspecte.
Les meilleurs navets, pour l’usage des tables, sont ceux de Vaugirard, & de la plaine saint Denys. Cette racine se mange apprêtée de differentes façons ; quelques-uns l’aiment frite ; mais elle est plus saine, simplement boüillie dans l’eau, accommodée avec du beurre bien frais : elle est encore fort saine, dans le potage : cependant,