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seille même dans le Pica[1]. Elle est fort méprisée en Danemarck, où on l’abandonne aux enfans pour se joüer. Le mal ne seroit pas bien grand, quand on n’en tiendroit pas ici plus de compte ; car à la bien examiner, elle n’est guéres composée que de terre & d’eau ; & ces principes, aussi cruds qu’on les y trouve, ne sçauroient fournir un aliment bien sain. Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’estomac a beaucoup de peine à la digerer, comme il paroît par les vents qu’elle cause. Elle tire son nom du païs des Topinambours, d’où elle vient, & où on prétend qu’elle est beaucoup meilleure : ce qui n’est pas difficile à croire, la qualité des climats apportant une grande difference dans celle des alimens.

Les Topinambours s’apprêtent de plusieurs manieres ; mais comme ils abondent en viscositez, ils sont plus

  1. Faim extraordinaire, mais dépravée, qui porte ceux qui en sont attaquez, à manger plusieurs choses qui ne sont pas alimens, comme du charbon, de la terre, &c. Fernel rapporte l’histoire d’un homme de qualité, qui aiant depuis long-temps une envie démesurée de manger de la chaux, se contenta enfin : & en mangea un morceau, de la grosseur du poing, sans en ressentir aucun mal. Fern. Pathol. lib. 6. cap. 3. de Morb. ventric. Cette maladie vient d’une surabondance de levains corrompus, qui picotent l’estomac. Or les topinambours sont trés-propres à embarrasser par leurs parties grossieres & visqueuses, les pointes de ces levains.