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ne, entre le volatil & le fixe. Voilà ce que l’Auteur du Traité des Dispenses auroit pû faire valoir en faveur des racines. A la verité il n’aurait pas pû conclurre pour cela qu’elles fussent préferables à la viande ; mais du moins cette remarque n’auroit pas été contraire à son dessein.

Pour la seconde Proposition, l’Auteur a oublié, sans doute, ce que c’est que phlegme & que déphlegmer ; car qu’il l’ait ignoré, c’est ce qu’on n’oseroit croire. Le phlegme contenu dans les mixtes, n’est autre chose que l’eau qui entre dans leur composition ; & un corps déphlegmé, est celui dont cette eau a été séparée. Qui ne sçait, par exemple, ce que c’est qu’un esprit de vin bien déphlegmé, une huile de canelle bien déphlegmée ? Comment donc peut-on dire que les fruits, dont la plûpart renferment tant d’eau, soient des corps, non-seulement déphlegmez, mais parfaitement déphlegmez ? C’est pourtant ce qu’on a la simplicité d’avancer dans le Traité des Dispenses.

La troisiéme Proposition, sçavoir, que ce qui compose le fruit, étant, comme on le suppose, un suc parfaitement dephlegmé, il s’ensuit qu’il n’y a rien de plus propre que le fruit à se laisser broïer dans l’estomac, & de plus aisé