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que les feüilles ont, à la verité, quelque chose de plus formé, parce que les sucs ont reçu quelque nouveau degré de coction ; mais qu’encore sauvages, par le peu d’exaltation qu’ils se font donnez, ou trop aqueux, par le trop de phlegme qui les noïe, ils sont ou fades ou mal-faisans, & impregnez de soufres grossiers, de sels impurs, ou d’esprits mal déphlegmez ; que ce n’est donc que dans les fruits, où ces sucs se trouvent parfaitement digerez[1] ; que les routes qu’il leur a fallu prendre, & le nombre infini de tuïaux qu’ils ont eu à parcourir, semblables aux serpentins des Chymistes, ont dû subtiliser ces sucs & les dépurer ; que ce qui compose le fruit est donc un suc parfaitement déphlegmé, en[2] qui tous les principes intimement réünis & d’accord, font une substance douce, tendre & fondante ; qu’il n’y a rien de plus châtié, de plus soigneusement travaillé, de plus propre enfin à se broïer dans l’estomac, & de plus aisé à se distribuer, ou à nous nourrir que les fruits. »

Voilà les racines bien-tôt déchûës de leur premiere dignité. Quatre Chapitres plus haut elles sont les dépositaires de toute la vertu de la plante, les reservoirs naturels de ce qu’il doit y

  1. Page 107. de la 1e. édit. & p. 177. de la 2e. tome 1.
  2. C’est le terme de l’Auteur.