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est obligé d’exprimer sa pensée comme on peut, & non comme on voudroit. C’est sans doute une imperfection à nostre Langue, on ne peut le desavoüer ; & je ne comprens pas comment il se trouve des personnes qui la veüillent faire passer pour la plus riche & la plus abondante de toutes les Langues ; elle a assez d’autres avantages sans vouloir luy donner celuy-là qu’elle n’a pas asseurément. Il seroit inutile de rapporter icy tous les adjectifs qui sont sans substantifs. Il suffira d’en faire remarquer seulement quelques-uns. Vaste, par exemple, vil, illustre n’en ont point. On ne dit point vastité ou vastitude, vileté, illustration. Je sçay bien que pour ce dernier on me le pourra cõtester ; mais quand je dis qu’on ne le dit point, j’entens comme substantif d’illustre. Courbé, gasté, poly, raboteux, sont encore sans substantifs ; on y peut joindre, sauvage, louche,