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avoir un nez, accourez ici presentement, vous y verrez une merveille des plus surprenantes ; c’est un Sicilien nommé Branca, homme inventif, qui a trouvé le secret de faire des nez qu’il construit avec de la chair qu’il coupe aux bras des personnes, ou avec des nez même qu’il ôte à des Esclaves qui veulent bien s’en priver pour de l’argent. Dès que j’ai eu connoissance de ce que je vous dis, je n’ai pû m’empêcher de vous l’écrire sur le champ, rien ne me paroissant plus digne de vous être mandé. Si vous venez, sçachez que vous vous en retournerez avec un des plus grands nez que vous puissiez souhaiter ; ne tardez donc pas, mais volez. »

Telle est la Lettre du Poëte Calentio à Orpien. Mais comme les fictions sont familieres aux Poëtes, n’en seroit-ce point ici une ? & n’auroit-on point pris pour une lettre sérieuse une plaisanterie ? On ne sçait d’aileurs quel est cet Orpien, à qui la lettre est adressée, & il y a bien de l’apparence que tout ceci n’est qu’un jeu. La fin de la Lettre le donne assez à soupçonner, quand on y dit à Orpien, (qui, par plaisanterie, apparemment, est supposé n’avoir point de nez, ou en