Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la vûë de quelque objet ? le visage, sans qu’on y pense, marque aussi-tôt la compassion secrette dont on est émeu. Il en est de même des sentimens habituels de l’ame ; un enfant est élevé dans des maximes d’honneur, les traits de son visage se forment insensiblement là-dessus, & deviennent ensuite inéfaçables, pourvû que cette éducation continuë jusqu’au temps où les traits s’affermissent. Les sentimens passagers de l’ame, ne font sur le visage, qu’une impression passagere ; mais les sentimens habituels, tels que ceux qui se contractent, dans la bonne ou dans la mauvaise éducation, dans les bonnes ou dans les mauvaises habitudes, ceux-là, par des coups redoublés, impriment sur le visage, des caracteres si profonds, que ces caracteres ne s’effacent plus. C’est ce qui fait la bonne, ou la mauvaise physionomie. Une jeune personne sera colere de son naturel, on ne travaillera point à corriger en elle, cette passion ; le visage, à force de prendre les plis & les froncemens que la colere y cause, en conservera des traces qui ne disparoîtront jamais, & qui, sans que la personne soit actuellement en colere, marqueront son humeur emportée, ce qui fera un air rude. La réflexion a beau ve-