Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choses qu’on leur présente. Or ces peuples ont la main droite beaucoup plus foible que la gauche, qui est celle dont ils se servent pour écrire, pour porter leurs armes, pour travailler, en un mot pour toutes les choses ausquelles nous employons la droite, qu’en langage de leur Pays ils appellent d’un nom qui veut dire la foible main.

C’est un fait connu, que dans ceux qui ont perdu le bras droit, cette perte est abondamment réparée par le sur-plus de force & d’agilité dont joüissent alors le bras & la main gauches. On voit nombre de ces manchots écrire, dessiner, coudre, & faire plusieurs autres ouvrages de la main gauche avec la derniere perfection : Or d’où peut provenir cette compensation, que de ce que la partie qui supplée à l’autre, est plus exercée qu’elle n’étoit ? Ceux qui, à cause de quelque fracture, d’une luxation, d’une inflammation, &c. demeurent long-temps sans agir, ne manquent point de contracter un engourdissement qu’ils ont beaucoup de peine à vaincre, quand ils veulent se remettre à leurs premieres occupations. On en voit qui pour avoir tenu pendant un trop grand nombre de jours, le bras plié sur la poitrine, de peur qu’une saignée ne vînt à se r’ouvrir, ne peuvent