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tromper l’enfant, l’endroit sur lequel il est tombé. Vient-il de se heurter contre son coffre, contre une chaise ? on menace & on frappe tout de même le coffre ou la chaise contre quoi il s’est heurté. A-t-il fait quelque chose de mal qui puisse, n’importe comment, être rejetté sur quelqu’un du logis ? le mensonge est alors tout prêt : On inspire à l’enfant d’accuser, soit par parole, soit par signe, selon son âge, la personne dont il s’agit, & même si le subtil génie de la nourric le juge à propos, le chien ou le chat de la maison.

Voilà comme on vient à bout d’apprendre aux enfans, dès leurs premieres années, disons mieux, dès leurs premiers jours, & pour ainsi dire dès les premieres heures de leur vie la vengeance & le mensonge. Aussi voyez-les au sortir de cette premiere école ; voyez le progrès qu’ils ont déjà fait dans l’un & dans l’autre de ces deux vices ; voyez comme ils sont vindicatifs & menteurs. Mais en même temps considerez les peines inoüies qu’il faut se donner, dans la suite, pour leur faire aimer la vérité, & pour les rendre doux, patiens & généreux, car la patience qu’il s’agit ici de leur inspirer, & qui doit influer sur toute leur