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rens ayant connu dès son enfance, qu’il avoit l’usage de l’oüie, donnerent tous leurs soins pour lui faire apprendre à lire, & à écrire, afin de le dédommager, autant qu’il leur étoit possible, de la privation de la parole. Le succès répondit à leur attente. Cet enfant parvint, sans beaucoup de peine, à connoître l’usage des lettres. Il apprit même à les former, & peu après on lui enseigna l’Arithmetique : C’étoit lui qui faisoit tous les comptes de la maison ; il resta dans cet état, jusqu’à l’âge de vingt-trois ans, comme nous l’avons remarqué, il fut examiné par plusieurs Médecins & Chirurgiens, & on lui donna quelques coups de ciseaux, poux couper des filéts, qu’on croyoit lui brider la langue, mais cela fut inutile. Il aimoit la chasse passionnément ; ses chiens accoûtumés à ses signes, & à des sons informes, le suivoient, & lui obéïssoient. Mais après qu’il eut recouvert l’usage de la parole, voulant en appeller un qu’il aimoit par dessus les autres, ce chien, bien loin de venir, comme à son ordinaire, caresser son maître, s’enfuit, fut se cacher, & continua ce manege trois ou quatre jours, au bout desquels il revint à son maître. Le 16. Avril 1716.