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Scythie, que quelques Auteurs ont écrit fabuleusement n’avoir qu’un œil, & l’avoir au milieu du front. Mais quoi que cette unité d’œil, soit une fiction, & qu’entre les animaux qui voyent, il n’y en ait point à qui la nature n’ait donné qu’un œil, on n’a pas laissé d’appeller ces Peuples Arimaspes, terme qui en langue Scythique, veut dire, qui n’a qu’un œil, Ari dans cette langue, signifiant seul, & Maspe signifiant œil[1].

Ce qui a donné occasion à la fable dont il s’agit, est, que les Scythes en question, passoient toute leur vie à tirer de l’arc, & que comme pour bien tirer de l’arc, on ferme un œil, tandis que l’autre est ouvert, ils s’étoient si fort habitués à ne se servir que d’un œil, que l’autre, à force d’être tenu si souvent fermé, ne paroissoit presque plus[2]. Ils s’accoûtumoient à cet exercice, dès l’enfance ensorte qu’il n’y avoit chez eux jeune ni vieux quin’eût un œil plus petit que l’autre. On voit par-là combien il est facile de devenir Arimaspe.

  1. Anton. Muret. Opera, Tom. 3. varias Lection. Lib. 13. cap. 8.
  2. Id. ibid.