Page:Andry - Cléon à Eudoxe.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment dans les points les plus clairs ; contradictions sans fin ; ignorance profonde de ce que disent les Auteurs, dont ils veulent s’autoriser ; & pour comble de tous ces égaremens, cris de victoire à toutes les pages, pour ne pas dire à toutes les lignes.

Voilà ce que c’est que le Mémoire de ces Messieurs ; ils le regardent cependant comme un chef-d’œuvre d’esprit ; je vais les suivre pas à pas. C’est tout l’ordre que l’observerai pour vous rendre compte d’un Ecrit sans ordre.

Mais, à propos de chef-d’œuvre d’esprit, vous souvient-il de ce que remarque un judicieux Critique[1] ? Qu’on n’a jamais vû jusqu’à présent, de chef d’œuvre de ce genre, qui fût l’ouvrage de plusieurs.

Ne vous étonnez donc pas, mon cher Eudoxe, que le Mémoire en question, si c’est un chef-d’œuvre, le soit en un sens si peu avantageux, quand même quelqu’un des travailleurs qui y ont sué (je dis sué, car je ne crois pas qu’on puisse trouver un écrit, moins naturel & qui ressente plus sa lourde peine que celui-

  1. La Bruyere.