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QUATRIÈME JOUR

des autres objets, sa queue était encore engagée dans l’un des yeux, alors que sa tête rentrait dans l’autre. Il ne sortait donc jamais complètement de la tête de mort, mais quand Cupidon s’avisait à le pincer, il y rentrait avec une vitesse stupéfiante.

En outre de ce petit autel, on remarquait ça et là dans la salle des images merveilleuses, qui se mouvaient comme si elles étaient vivantes avec une fantaisie tellement étonnante qu’il m’est impossible de la dépeindre ici. Ainsi, au moment où nous sortions, un chant tellement suave s’éleva dans la salle que je ne saurais dire s’il s’élevait du chœur des vierges qui y étaient restées ou des images mêmes.

Nous quittâmes donc la salle avec nos vierges, heureux et satisfaits de cette réception ; nos musiciens nous attendaient sur le palier et nous descendîmes en leur compagnie ; derrière nous la porte fut fermée et verrouillée avec soin.

Quand nous fûmes de retour dans notre salle, l’une des vierges s’exclama :

« Ma sœur, je suis étonnée que tu aies osé te mêler à tant de monde ».

— « Chère sœur », répondit notre présidente, « celui-ci m’a fait plus de peur qu’aucun autre ».

Et ce disant elle me désigna. Ces paroles me firent de la peine car je compris qu’elle se moquait de mon âge ; j’étais en effet le plus âgé. Mais elle ne tarda pas à me consoler avec la promesse de me débarrasser de cette infirmité à condition de rester dans ses bonnes grâces.

Puis le repas fut servi et chacun prit place à côté de l’une des vierges dont la conversation instructive absorba toute notre attention ; mais je ne puis trahir les sujets de leurs causeries et de leurs distractions. Les questions de la plupart de mes compagnons avaient trait aux arts ; j’en conclus donc que les occupations favorites de tous, tant jeunes que vieux, se rattachaient à l’art. Mais moi, j’étais