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LES NOCES CHYMIQUES

cha des sonnettes et des grelots ; quelques autres encore furent chassés à coup de fouet. En somme leurs punitions furent trop variées pour que je pusse les relater toutes.

Enfin ce fut le tour des derniers ; leur punition demandait plus de temps, car suivant le cas, ils furent ou pendus ou décapités, ou noyés ou encore expédiés différemment. Pendant ces exécutions je ne pus retenir mes larmes, non tant par pitié pour eux — en toute justice, ils avaient mérité leur punition pour leurs crimes, — mais j’étais ému par cet aveuglement humain qui nous amène sans cesse à nous préoccuper avant tout de ce en quoi nous avons été scellés depuis la chute première.

C’est ainsi que le jardin qui regorgeait de monde un instant auparavant se vida, au point qu’il ne resta guère que les soldats.

Après ces événements il se fit un silence qui dura cinq minutes. Alors une belle licorne, blanche comme la neige, portant un collier en or signé de quelques caractères, s’approcha de la fontaine, et, ployant ses jambes de devant, s’agenouilla comme si elle voulait honorer le lion qui se tenait debout sur la fontaine. Ce lion, qui en raison de son immobilité complète m’avait semblé en pierre ou en airain, saisit aussitôt une épée nue qu’il tenait sous ses griffes et la brisa au milieu ; je crois que les deux fragments tombèrent dans la fontaine. Puis il ne cessa de rugir jusqu’à ce qu’une colombe blanche, tenant un rameau d’olivier dans son bec, volât vers lui à tire d’ailes ; elle donna ce rameau au lion qui l’avala ce qui lui rendit de nouveau le calme. Alors, en quelques bonds joyeux, la licorne revint à sa place.

Un instant après, notre vierge nous fit descendre du gradin par un escalier tournant et nous nous inclinâmes encore une fois devant la draperie ; puis on nous ordonna de nous verser de l’eau de la fontaine sur les mains et sur la tête et de rentrer dans nos rangs après cette ablution