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TROISIÈME JOUR

Ainsi ceux qui pesaient trois poids étaient bien au nombre de trente-cinq, mais l’un avait pesé 1, 2, 3, l’autre 3, 4, 5, le troisième 5, 6, 7 et ainsi de suite ; de sorte, que par le plus grand miracle il n’y avait pas deux semblables parmi les cent vingt-six qui avaient pesé quelque chose ; et je les nommerai bien tous, chacun avec ses poids si cela ne m’était défendu pour l’instant. Mais j’espère que ce secret sera révélé dans l’avenir avec son interprétation.

Après la lecture de cette sentence les seigneurs de la première catégorie exprimèrent une grande satisfaction, car, après cette épreuve rigoureuse, ils n’avaient osé espérer une punition aussi légère. Ils donnèrent plus encore que ce qu’on leur demanda et se rachetèrent avec des chaînes, des bijoux, de l’or, de l’argent, enfin tout ce qu’ils avaient sur eux.

Quoique l’on eût défendu aux serviteurs royaux de se moquer d’eux pendant leur départ, quelques railleurs ne purent réprimer le rire ; et, en vérité, il était fort amusant de voir avec quelle hâte ils s’éloignèrent. Toutefois quelques-uns avaient demandé qu’on leur fît parvenir le catalogue promis afin qu’ils pussent faire le classement des livres selon le désir de Sa Majesté Royale, ce qu’on leur avait promis à nouveau. Sous le portail on présenta à chacun la coupe remplie de breuvage d’oubli afin qu’aucun ne fut tourmenté par le souvenir de ces incidents.

Ils furent suivis par ceux qui s’étaient rétractés avant l’épreuve ; on laissa passer ces derniers sans encombre, à cause de leur franchise et de leur honnêteté ; mais on leur ordonna de ne jamais revenir dans d’aussi déplorables conditions. Toutefois si une révélation plus profonde les y invitait, ils seraient, comme les autres, des convives bienvenus.

Pendant ce temps les prisonniers des catégories suivantes furent dévêtus ; et là encore on faisait des distinctions, suivant les crimes de chacun. On renvoya les uns tout nus, sans autres punitions ; à d’autres on atta-