Page:Andreae - Les Noces chymiques, 1928, trad. Auriger.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
LES NOCES CHYMIQUES

superposés ; le premier, d’un luxe plus resplendissant était masqué par un rideau en taffetas blanc ; nous ignorions donc si quelqu’un s’y trouvait à ce moment. Le second était vide et à découvert ; les deux derniers étaient de nouveau cachés à nos regards par des rideaux de taffetas rouge et bleu.

Lorsque nous fûmes près de cet édifice la vierge s’inclina très bas ; nous en fûmes très impressionnés, car cela signifiait clairement que le Roi et la Reine n’étaient pas loin. Nous saluâmes donc également. Puis la vierge nous conduisit par l’escalier au second gradin, où elle prit la première place, les autres conservant leur ordre.

Je ne puis raconter à cause des méchantes langues, comment l’empereur que j’avais délivré se comporta envers moi, tant à cet endroit que précédemment à table ; car il se rendait facilement compte dans quels soucis et tourments il attendrait l’heure du jugement, tandis que maintenant, grâce à moi, il était parvenu à cette dignité.

Sur ces entrefaites, la vierge qui m’avait apporté jadis l’invitation et que je n’avais plus aperçu depuis, s’approcha de nous ; elle sonna de sa trompette et, d’une voix forte, elle ouvrit la séance par le discours suivant :

Sa Majesté Royale, Mon Seigneur, aurait désiré de tout son cœur que tous, ici présents eussent parus seulement sur Son invitation, pourvus de qualités suffisantes, pour assister en grand nombre, en Son honneur, à la fête nuptiale. Mais, comme Dieu tout-puissant en avait disposé autrement, Sa Majesté ne devait pas murmurer, mais continuer à se conformer aux usages antiques et louables de ce royaume, quelque fussent les désirs de Sa Majesté. Mais, afin que Sa clémence naturelle soit célébrée dans le monde entier, Elle est parvenue, avec l’aide de Ses conseillers et des représentants du royaume, à mitiger sensiblement la sentence habituelle. Ainsi, Elle voulait, premièrement, que les seigneurs et gouvernants, n’eussent