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LES NOCES CHYMIQUES

et qu’il rapporte à l’antre de la Sybille. Rappelons à ce propos que les enfers et tout l’Empire souterrain est soumis à Pluton qui est aussi le Dieu des Richesses.

Poursuivant maintenant la voie qu’il ne peut plus abandonner, l’invité aux noces de Sponsus et Sponsa nous dit que la violence du vent l’empêche de retourner sur ses pas chercher sa besace au pied de l’arbre où il s’était assis. Il se fut aisément consolé de sa situation en songeant à celle du premier jour, où le vent souffle avec tant de violence qu’il ébranle la montagne dans laquelle est creusé son abri. N’y a-t-il pas en effet écrit dans Job, XXXVII, Vers. 22 : « L’Or vient du côté de l’Aquilon et la louange que l’on donne à Dieu doit être accompagnée de tremblement ».

Au crépuscule, enfin, alors que les ténèbres commencent à se manifester, il franchit la première porte et laisse au gardien vêtu d’un habit bleu de ciel sa fiole d’eau. L’insigne d’or qu’il reçoit en échange porte seulement les lettres S. C. Nous pouvons les interpréter par le Solve Coagula qui est à la base de tout enseignement de la Philosophie hermétique. Entre cette première porte et la seconde, une vierge, également vêtue de bleu allume une lanterne, accrochée à un arbre sur trois. Alors que l’inscription que portait la première porte tendait à éloigner le profane, celle de la seconde entrée dit : « Donnez et il vous sera donné ». Un lion en garde l’entrée, et nous croyons devoir interpréter par Solve Mercurio, « Dissous par le Mercure », les lettres S. M. que porte l’insigne remis par le gardien à notre héros en échange de son sel.

Le sens alchimique de cet ouvrage transparaît d’autant moins que les termes de Mercure, Soufre, Sel, Azote, si en honneur dans la terminologie des Anciens, bien que leur signification change suivant chaque auteur, ne sont pas employés une seule fois dans les « Noces Chymiques ». Cette particularité méritait d’être signalée, car elle témoigne que l’Alchimie peut fort bien s’enseigner sans avoir recours aux signes bien connus correspondant aux sept planètes astrologiques. Il ne faut pas en inférer que le sens de ces signes soit négligeable bien loin de là, leur graphisme en effet, n’a rien d’arbitraire et n’est pas un simple hasard. Le mot hasard est d’ailleurs vide de sens pour tout occultiste sérieux, car tout s’enchaîne dans notre petit monde ; chaque chose dépend de celles qui l’entourent, non seulement sur le plan matériel mais aussi et surtout sur les plans supérieurs dont la connaissance nous échappe faute de moyens suffisants de perception.

Selon la croyance ancienne, les métaux étaient divisés en deux catégories : les métaux colorés ou solaires, les métaux blancs ou lunaires. Chacune de ces deux classes comportait des subdivisions en