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DEUXIÈME JOUR


À peine étais-je entré dans la forêt qu’il me sembla que le ciel entier et tous les éléments s’étaient déjà parés pour les noces ; je crus entendre les oiseaux chanter plus agréablement et je vis les jeunes cerfs sauter si joyeusement qu’ils réjouirent mon cœur et l’incitèrent à chanter. Je chantai donc à haute voix :


Sois joyeux, cher petit oiseau ;
Pour louer ton créateur
Élève ta voix claire et fine,
Ton Dieu est très puissant ;
Il t’a préparé ta nourriture
Et te la donne juste en
temps voulu,
Sois satisfait ainsi.

Pourquoi donc serais-tu chagrin,
Pourquoi t’irriter contre Dieu
De t’avoir fait petit oiseau ?
Pourquoi raisonner dans ta petite tête
Parce qu’il ne t’a pas fait homme ?
Oh ! tais-toi, il a profondément médité cela,
Sois satisfait ainsi.

Que ferais-je, pauvre ver de terre
Si je voulais discuter avec Dieu ?
Chercherais-je à forcer l’entrée du ciel
Pour ravir le grand art par violence ?
Dieu ne se laisse pas bousculer ;
Que l’indigne s’abstienne.
Homme, sois satisfait.