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PREMIER JOUR

que la seconde strophe de ce que dit « le vieillard tout blanc » et le passage où il est écrit : « Ma joie fut telle que je ne sentis pas la blessure qu’une pierre aiguë me fit à la tête pendant la montée ». Ce Vieillard, ce très vieux fils dont l’âge étonne grandement notre héros, ressemble étonnamment à Saturne, et sa Mère plaint les minerais et métaux (les hommes dans la tour) qu’elle ne peut délivrer tous, c’est-à-dire libérer de leur lèpre pour les rendre purs et nets comme l’Or. Ici se place une confusion sans doute voulue entre ce qui précède sur le vieillard et les plaintes qu’élève le Pélerin sur les plaies de ses pieds. Sa démarche est rendue pesante tout comme celle de Saturne que l’on a représenté entravé de liens de laine. Je n’insiste pas davantage sur ce songe pas plus que sur le sens des trois lettres D. L. S. que porte le revers de la médaille d’or commémorative, elles peuvent admettre une foule d’interprétations vraisemblables ; quant au songe, j’en ai déjà dit plus que je ne devais. Qui potest capere capiat.

Le costume que Christian Rosencreutz a adopté pour se rendre aux noces de Sponsus et Sponsa, ne mérite pas de passer inaperçu. Je ne dis rien de la robe de lin blanc conforme aux usages sacrés, mais le ruban rouge qu’il dispose en croix et les quatre roses rouges qu’il attache à son chapeau, méritent de retenir l’attention du lecteur, car par ce seul geste l’emblème de la Rose-Croix est né. Il est amusant, à ce propos, d’ouvrir une parenthèse, bien qu’il soit loin de mon esprit de vouloir établir le moindre parallèle entre la Confrérie Rosicrucienne et notre grand Ordre National de la Légion d’Honneur, mais la couleur rouge du ruban, la Croix attribuée au grade de Chevalier et la Rosette rouge au grade d’officier, montrent suffisamment l’indigence de notre imagination et nous prouvent que nous tournons sans cesse à notre insu dans un même cercle.

Pourquoi Chr. Rosencreutz emporte-t-il comme viatique du pain, de l’eau et du sel ? Le premier est le pain eucharistique, c’est-à-dire la grâce divine, l’eau est l’eau lustrale et purificatrice quant au sel, est-il besoin de rappeler ici son symbolisme dans le sacrement du Baptême ?

Nous arrêtons ici le commentaire du Premier Jour.