Page:Andreae - Les Noces chymiques, 1928, trad. Auriger.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
PREMIER JOUR

encore aujourd’hui et qu’il me semble que je sens encore les plaies de mes pieds.

En tous cas, je compris que Dieu me permettait d’assister aux noces occultes ; je lui en rendis grâce, en sa majesté divine, dans ma foi filiale, et je le priai de me garder toujours dans sa crainte, de remplir quotidiennement mon cœur de sagesse et d’intelligence et de me conduire enfin, par sa grâce, jusqu’au but désiré, malgré mon peu de mérite.

Puis je me préparai au voyage ; je me vêtis de ma robe de lin blanche et je ceignis un ruban couleur de sang passant sur les épaules et disposé en croix. J’attachai quatre roses rouges à mon chapeau, espérant que tous ces signes distinctifs me feraient remarquer plus vite dans la foule. Comme aliment, je pris du pain, du sel et de l’eau ; j’en usai par la suite dans certains cas, à plusieurs reprises, non sans utilité, en suivant le conseil d’un sage.

Mais avant de quitter ma caverne, prêt pour le départ et paré de mon habit nuptial, je me prosternai à genoux et priai Dieu qu’Il permît que tout ce qui allait advenir fût pour mon bien ; puis je Lui fis la promesse de me servir des révélations qui pourraient m’être faites, non pour l’honneur et la considération mondaines, mais pour répandre Son nom et pour l’utilité de mon prochain. Ayant fait ce vœu, je sortis de ma cellule, plein d’espoir et de joie.