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PREMIER JOUR

mais là aussi je fus attaqué par les autres et je les repoussai en me défendant de mon mieux des mains et des pieds. Nous étions convaincus que nous serions tous libérés mais il en fut autrement.

Lorsque les Seigneurs qui nous regardaient d’en haut par l’orifice de la tour se furent égayés quelque peu de cette agitation et de ces gémissements, un vieillard tout blanc nous ordonna de nous taire, et, dès qu’il eut obtenu le silence, il parla, si ma mémoire est fidèle, en ces termes :


Si le pauvre genre humain
Voulait ne pas se révolter,
Il recevrait beaucoup de biens
D’une véritable mère,
Mais refusant d’obéir,
Il reste avec ses soucis,
Et demeure prisonnier.
Toutefois, ma chère mère ne veut pas
Leur tenir rigueur pour leur désobéissance ;
Et laisse ses biens précieux
Arriver à la lumière trop souvent,
Quoiqu’ils y parviennent très rarement,
Afin qu’on les apprécie ;
Sinon on les considère comme fables.
C’est pourquoi, en l’honneur de la fête,
Que nous célébrons aujourd’hui,
Pour qu’on lui rende grâce plus souvent
Elle veut faire une bonne œuvre.
On descendra la corde ;
Celui qui s’y suspendra
Sera délivré.


À peine eut-il achevé ce discours, que la vieille dame ordonna à ses serviteurs de lancer la corde dans la tour à sept reprises et de la ramener avec ceux qui auront pu la saisir.

Oh Dieu ! que ne puis-je décrire avec plus de force l’angoisse qui nous étreignit alors, car nous cherchions tous à nous emparer de la corde et par cela même nous