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SEPTIÈME JOUR

Après Atlas, notre vieillard prit la parole et répondit un peu plus longuement ; il fit des vœux pour le bonheur et la prospérité du Roi et de la Reine et remit ensuite un petit coffret précieux. J’ignore ce qu’il contenait, mais je vis qu’on le confia à la garde de Cupidon qui jouait entre eux deux.

Après ce discours on tira une nouvelle salve et nous continuâmes à naviguer de conserve assez longtemps et nous parvînmes enfin au rivage. Nous étions près du premier portail par lequel j’étais entré tout d’abord. À cet endroit un grand nombre de serviteurs du Roi nous attendaient avec quelques centaines de chevaux.

Dès que nous fûmes à terre, le Roi et la Reine nous tendirent très amicalement la main et nous dûmes tous monter à cheval.

— Ici je voudrais prier le lecteur de ne pas attribuer le récit suivant à mon orgueil ou au désir de me glorifier ; mais qu’il soit persuadé que je tairais volontiers les honneurs que je reçus s’il n’était indispensable de les relater.

On nous distribua donc tous, à tour de rôle, entre les divers seigneurs. Mais notre vieillard et moi, indigne, nous dûmes chevaucher aux côtés du Roi en portant une bannière blanche comme la neige avec une croix rouge. J’avais obtenu cette place à cause de mon grand âge, car, tous deux, nous avions de longues barbes blanches et les cheveux gris. Or, j’avais attaché mes insignes autour de mon chapeau ; le jeune Roi les remarqua bientôt et me demanda si c’était moi qui avait pu résoudre les signes gravés sur le portail. Je répondis affirmativement, avec les marques d’un profond respect. Alors il rit de moi et me dit que dorénavant il n’était nullement besoin de cérémonies : que j’étais son père. Puis il me demanda de quelle manière je les avais dégagés ; je répondis : « Avec de l’eau et du sel ». Alors il fut étonné que je fusse si fin. M’enhardissant je lui racontai mon aventure avec le pain, la colombe et le corbeau ; il m’écouta avec bienveillance et m’assura