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LES NOCES CHYMIQUES

poussèrent à leur place ; en même temps l’oiseau s’apprivoisa un peu et se laissa approcher plus facilement ; toutefois nous le regardions encore avec méfiance. Par le troisième aliment ses plumes se couvrirent de couleurs si éclatantes que je n’en ai vu de plus belles ma vie durant, et il se familiarisa tellement et se montra si doux envers nous que nous le délivrâmes de ses liens, avec l’assentiment de la vierge.

« Maintenant », dit la vierge, « comme la vie et la plus grande perfection ont été donnés à l’oiseau, grâce à votre application, il sied qu’avec le consentement de notre vieillard nous fêtions joyeusement cet événement ».

Puis elle ordonna de servir le repas et nous invita à nous réconforter parce que la partie la plus délicate et la plus difficile de l’œuvre était terminée et que nous pouvions commencer, à juste titre, à goûter la jouissance du travail accompli.

Mais nous portions encore nos vêtements de deuil, ce qui, dans cette joie, paraissait un peu ridicule ; aussi nous nous mîmes à rire les uns des autres.

Cependant la vierge ne cessa de nous questionner, peut-être pour découvrir ceux qui pourraient lui être utiles pour l’accomplissement de ses projets. L’opération qui la tourmentait le plus était la fusion ; et elle fut bien aise quand elle sut que l’un de nous avait acquis les tours de mains que possèdent les artistes.

Le repas ne dura pas plus de trois quarts d’heure ; et encore nous en passâmes la majeure partie avec notre oiseau qu’il fallait alimenter sans arrêt. Mais maintenant il atteignait son développement complet.

On ne nous permit pas de faire une longue sieste après notre repas ; la vierge sortit avec l’oiseau, et la cinquième salle nous fut ouverte ; nous y montâmes comme précédemment et nous nous apprêtâmes au travail.

On avait préparé un bain pour notre oiseau dans cette salle ; ce bain fut teint avec une poudre blanche de sorte