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LES NOCES CHYMIQUES

sonnes — elles avaient fait fonction de musiciens auparavant — firent passer par cette porte et déposèrent au centre de la salle, un objet singulier, tout en longueur qui paraissait n’être qu’une fontaine à mes compagnons. Mais je compris immédiatement que les corps y étaient enfermés ; car la caisse inférieure était carrée et de dimensions suffisantes pour contenir facilement six personnes. Puis les porteurs disparurent et revinrent bientôt avec leurs instruments pour accompagner notre vierge et ses servantes par une harmonie délicieuse.

Notre vierge portait un petit coffret ; toutes les autres tenaient des branches et de petites lampes et, quelques-unes des torches allumées. Aussitôt on nous mit les torches en mains et nous dûmes nous ranger autour de la fontaine dans l’ordre suivant :

La vierge se tenait en A ; ses servantes étaient postées en cercle avec leurs lampes et leurs branches en c ; nous étions avec nos torches en b et les musiciens rangés en ligne droite en a ; enfin les vierges en d, également sur une ligne droite. J’ignore d’où venaient ces dernières ; avaient-elles habité la tour, ou y avaient-elles été conduites pendans la nuit ? Leurs visages étaient couverts de voiles fins et blancs de sorte que je n’en reconnus aucune.

Alors la vierge ouvrit le coffret qui contenait une chose sphérique dans une double enveloppe de taffetas vert ; elle la retira et, s’approchant de la fontaine, elle la posa dans la petite chaudière supérieure ; elle recouvrit ensuite cette dernière avec un couvercle percé de petits trous et muni d’un rebord. Puis elle y versa quelques-unes des eaux que nous avions préparées la veille, de sorte que la fontaine se mit bientôt à couler. Cette eau était rentrée sans cesse dans la chaudière par quatre petits tuyaux.