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LES NOCES CHYMIQUES

car j’eus l’impression d’être le plus misérable des hommes en me comparant à ses créatures adorables.

Mais bientôt la vierge prit congé et donna l’ordre de continuer la route. Les nymphes rompirent donc le cercle et s’éparpillèrent dans la mer après avoir reçu comme rétribution un long ruban rouge. — À ce moment je sentis que Cupidon commençait à opérer en moi aussi, ce qui n’était guère à mon honneur ; mais, comme de toute manière mon étourderie ne peut servir à rien au lecteur, je veux me contenter de la noter en passant. Cela répondait précisément à la blessure que j’avais reçue à la tête, en rêve, comme je l’ai décrit dans le premier livre ; et, si quelqu’un veut un bon conseil, qu’il s’abstienne d’aller voir le lit de Vénus, car Cupidon ne tolère pas cela.

Quelques heures plus tard, après avoir parcouru un long chemin, tout en nous entretenant amicalement, nous aperçûmes la tour de l’Olympe. La vierge ordonna donc de faire divers signaux pour annoncer notre arrivée ; ce qui fut fait. Aussitôt nous vîmes un grand drapeau blanc se déployer et un petit vaisseau doré vint à notre rencontre. Quand il fut près de nous accoster, nous y distinguâmes un vieillard entouré de quelques satellites habillés de blanc ; il nous fit un accueil amical et nous conduisit à la tour.

La tour était bâtie sur une île exactement carrée et entourée d’un rempart si solide et si épais que je comptai deux cent soixante pas en la traversant. Derrière cette enceinte s’étendait une belle prairie agrémentée de quelques petits jardins où fructifiaient des plantes singulières et inconnues de moi ; elle s’arrêtait au mur protégeant la tour. Cette dernière, en elle-même, semblait formée par la juxtaposition de sept tours rondes ; celle du centre était un peu plus haute. Intérieurement elles se pénétraient mutuellement et il y avait sept étages superposés.

Quand nous eûmes atteint la porte, on nous rangea le long du mur côtoyant la tour afin de transporter les cer-