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LES NOCES CHYMIQUES

tures admirables. Le page les entr’ouvrit et je vis dame Vénus couchée là toute nue — car le page avait soulevé la couverture — avec tant de grâce et de beauté, que, plein d’admiration, je restai figé sur place, et maintenant encore, j’ignore si j’ai contemplé une statue ou une morte ; car elle était absolument immobile et il m’était interdit de la toucher.

Puis le page la couvrit de nouveau et tira le rideau ; mais son image me resta comme gravée dans les yeux.

Derrière le lit je vis un panneau avec cette inscription :



Je demandai à mon page la signification de ces caractères ; il me promit en riant que je l’apprendrais. Puis il éteignit le flambeau et nous remontâmes.

Examinant les animaux de plus près, je m’aperçus, à ce moment seulement, qu’une torche résineuse brûlait à chaque coin. Je n’avais pas aperçu ces lumières auparavant, car le feu était si clair qu’il ressemblait plutôt à l’éclat d’une pierre qu’à une flamme. L’arbre exposé à cette chaleur ne cessait de fondre tout en continuant à produire de nouveaux fruits.

« Écoutez » dit le page, « ce que j’ai entendu dire à Atlas parlant au Roi. Quand l’arbre, a-t-il dit, sera fondu entièrement, dame Vénus se réveillera et sera mère d’un roi ».

Il parlait encore et m’en aurait peut-être dit davantage, quand Cupidon pénétra dans la salle. De prime abord il