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LES NOCES CHYMIQUES

lignons que l’Épouse du vieux Roi à barbe grise (qui pourrait s’appeler Jupiter) est très jeune, et qu’une vieille petite mère est à côté du Roi noir dans la force de l’âge. Sur le trône du milieu sont deux adolescents que Cupidon taquine sans cesse. Bien que cela puisse paraître hors propos, rappellons dès maintenant que Vénus est le nom donné par de nombreux hermétistes à la matière première, car Vénus est né de la Mer Philosophique ; Cupidon, fils de Vénus et de Mercure représente le Sel qui en est produit. Vénus alors symbolise le Soufre, et Mercure, le Mercure philosophique.

Cupidon n’est autre qu’Éros (que par transposition de lettres on peut écrire Rose). Je ne crois pas superflu de rappeller ici que Cicéron, dans son livre : Sur la Nature des Dieux, distingue Cupidon, fils de la Nuit et de l’Érèbe, du dieu Amor, fils de Vénus et de Vulcain ou de Vénus et de Mars. Par ailleurs, il reconnaît trois Cupidons de même nom : Le premier, né de Mercure et de Diane première ; le second de Mercure et de Vénus seconde ; le troisième ou Antéros né de Mars et de Vénus troisième. En vérité, c’est le fils de Vénus-Uranie, c’est la personnification gracieuse de la force génératrice et créatrice de tous les êtres. Ses attributs restent partout les mêmes : L’arc, le carquois, les flèches et les ailes (Que le lecteur studieux note les flèches).

Les noces du Roi, telles que nous les voyons dès lors se dérouler, nous contraignent d’ouvrir ici une parenthèse pour évoquer rapidement les ouvrages alchimiques ou cette même fiction symbolise fréquemment la Préparation de la Pierre philosophale. Il convient de citer en tête le texte, fort admiré au moyen âge, de l’Allégorie de Merlin, ou Merlini Allegoria profundissimum philosophiae lapidis arcanum perfecte continens (Manget. Bibliotheca Chimica). Il exerça la sagacité de bien des adeptes et je reconnais qu’il présente avec les Noces Chymiques de nombreux points communs, tant dans la mort du Roi que dans le traitement que doit subir son cadavre pour ressusciter. Un Roi intervient encore dans la description du Magistère que nous donne Bernard le Trévisan dans son livre de La Philosophie naturelle des Métaux. L’allégorie de la Fontaine où vient se baigner le Roi soutient fort bien le parallélisme avec divers épisodes qui vont se dérouter dans la Tour aux sept étages. Nous retrouvons encore ce Roi dans le titre du traité le plus répandu de Philalèthe : L’Entrée entrouverte au Palais fermé du Roi, et dans l’épitre par laquelle Aristeus termine le célèbre traité attribué à Morien et connu sous le nom de La Tourbe des Philosophes. De même encore, pour l’Opuscule de Denys Zachaire et pour les planches illustrant Les douze clefs de la Philosophie, de Basile Valentin. Nous pourrions multiplier ces exemples, mais je crois opportun de