Page:Andreae - Les Noces chymiques, 1928, trad. Auriger.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
LES NOCES CHYMIQUES

union soit prospère ; elle fut assez longtemps en tutelle. Multipliez-vous dans cette union loyale pour que mille rejetons naissent de votre sang.

Et la comédie prit fin au milieu des acclamations et de la gaieté générale et à la satisfaction particulière des personnes royales.

Le jour était déjà à son déclin quand nous nous retirâmes dans l’ordre de notre arrivée ; mais, loin d’abandonner le cortège, nous dûmes suivre les personnes royales par l’escalier dans la salle où nous avions été présentés. Les tables étaient déjà dressées avec art et, pour la première fois, nous fûmes conviés à la table royale. Au milieu de la salle se trouvait le petit autel avec les six insignes royaux que nous avions déjà vus.

Le jeune roi se montra constamment très gracieux envers nous. Cependant il n’était guère joyeux, car, tout en nous adressant la parole de temps en temps, il ne put s’empêcher de soupirer à plusieurs reprises, ce dont le petit Cupidon le plaisanta. Les vieux rois et les vieilles reines étaient très graves ; seule, l’épouse de l’un d’eux était assez vive, chose dont j’ignorais la raison.

Les personnes royales prirent place à la première table ; nous nous assîmes à la seconde ; à la troisième, nous vîmes quelques dames de la noblesse. Toutes les autres personnes, hommes et jeunes filles, assuraient le service. Et tout se passa avec une telle correction et d’une manière si calme et si grave que j’hésite d’en parler de crainte d’en dire trop. Je dois cependant relater que les personnes royales s’étaient habillées de vêtements d’un blanc éclatant comme la neige et qu’elles avaient pris place à table ainsi vêtues. La grande couronne en or était suspendue au-dessus de la table et l’éclat des pierreries dont elle était ornée, aurait suffi pour éclairer la salle sans autre lumière.

Toutes les lumières furent allumées à la petite flamme placée sur l’autel, j’ignore pourquoi. En outre j’ai bien