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voyage du condottière

lera afin de monter au ciel qui l’attend, légère comme un de ses cheveux dorés, sur un rayon de lumière laiteuse. Les trois fées sourient avec piété à leur sœur endormie. Elles la tiennent sur leurs mains, par la ceinture et les jambes. L’une soutient la tête, et l’autre les pieds chastement joints. La rêveuse est étendue, bien serrée dans son manteau. L’air est tout ému des ailes battantes. Ces beaux oiseaux palpitent, et sentent à peine le poids de la morte charmante.

Que de goût dans la libration légère de ces figures, suspendues comme une belle accolade au-dessus du sépulcre rigide. La ligne droite du marbre les fait paraître encore plus aériennes. Voilà le rythme, et la poésie.

Gaston de Foix

Que sait-on de cet Augustin Serabaglio, dit le Bambaja ? Il vivait au temps du Vinci ; il était Lombard, et il a laissé une statue admirable : Gaston de Foix, couché sur son tombeau[1]. François Ier lui commanda de la faire, et il s’y mit trois ans après la mort du fameux capitaine. Elle reste seule d’un monument qui, par bonheur, n’a pas été achevé.

Plus qu’un héros, il semble l’archange de la guerre. Ni dieu, ni déesse : il a la pureté des vierges et la force de l’éclair mâle. Sa figure est d’une Pallas guerrière, laquelle est issue de Jupiter par le front, et n’a point connu la faiblesse d’un sexe ni la violence passionnée de l’autre. Il faut que l’artiste ait vu Gaston de Foix, qu’il en ait eu le portrait sous les yeux. Ou il ne s’en fût pas tenu là dans l’invention créatrice.

  1. Au Musée du Château Sforza.