Page:Andre Suares Voyage du Condottiere Vers Venise, 1910.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
voyage du condottière

genoux du mâle, qui lui est comme un chant. Des musiques tintaient, comme un appel, les grillons de Venise. Ô sons, paroles, sillages dans la nuit claire, tout était amour, chair de femme, odeur nuptiale, folie et volupté à défaillir. Certes, ce qu’ils appellent la mort de Venise, c’est qu’ils n’ont point de vie.

En vain, je me possède ici moi-même, plus qu’ailleurs. Il y faut trop de combats ; et ce n’est pas assez, si l’on ne s’y rend pas aussi maître des autres. J’ai à conquérir un monde, dit le Condottière, et non à jouir d’une heure. Je reviendrai à Venise, quand j’y pourrai dormir.