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voyage du condottière

mandoline. Il se mettait tout nu, pour trouver ses motifs, d’une si laide forme ; on me raconte qu’il lui fallait faire l’amour, pour avoir une idée : à côté de l’encrier, il avait une bonne fille sur sa table. Épaisse et charnue, forte au nez, elle était nue comme la peau sous l’œil du croque-notes. Sa verve, alors, lui dictait ces airs d’une si égale platitude, qu’ils semblent nés d’une cuvette et d’un robinet. Et rien n’y manque, pas même l’enthousiasme de la mise en train. Il a donc sa statue, qui eût été bien plus curieuse si on l’avait osé faire justement parlante. Il est assis sur une chaise percée ; mais il est vêtu et sans verve. La Muse qui l’inspire n’est pas non plus placée comme il faut. Tous les deux s’ennuient. Le misérable ne compose plus sa musique : il l’entend.