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STENDHAL EN LOMBARDIE




Dans la montueuse Brianza, riche en vergers, et sur les lacs, de Bellagio à Bologne, et de Venise à Parme, Stendhal est partout en Lombardie. Et partout, il porte l’amour de sa chère Milan. L’Italie de Stendhal, pourtant, n’est plus que dans ses livres.

Il a voulu qu’on le crût italien ; il se dit Milanais sur sa tombe ; mais la tombe est à Paris. Et à Milan, qui le connaît ? Personne, hier encore.

C’est un homme qu’on se figure toujours dans l’âge mûr, fort pour la vie et déjà usé, non pas vieux, mais se défendant un peu contre la vieillesse. Il a trop d’étoffe pour un homme jeune ; et il n’a jamais eu la gravité silencieuse des grands vieillards. Je le vois à quarante-cinq ans, un peu gros, trapu, brun, le visage rouge. Il est tiré à quatre épingles ; mais, par disgrâce, l’une des quatre toujours tombe, comme il monte l’escalier de la Scala ; et l’élégant devient un tantet ridicule. Il se donne des airs cavaliers, et il est timide. Il fait le libertin, et il n’a de goût que pour les longues amours. Il enseigne qu’on doit prendre les