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LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE

il s’oriente à l’occasion des circonstances. Mais, et de ce que disait Descartes, et de ce qu’a répété Maine de Biran, la même vérité résulte : il y a autre chose au fond du moi humain : ce libre arbitre même dont nous parlions plus haut. S’il nous permet, et, dans les recherches théoriques, de douter méthodiquement jusqu’à la découverte du vrai, et, dans la vie pratique, de résister aux tentations et d’être finalement les maîtres de nous-mêmes et de nos destinées, n’est-ce pas qu’il est indépendant de ce caractère auquel il est lié ?

L’homme est donc bien ce que disait Pascal, un être double : Homo duplex.

Et nous voici ramenés comme par la main aux doctrines de la philosophie chrétienne. Car comment expliquer tous ces dualismes qui se correspondent, celui du corps et de l’âme, celui des sens et de la Raison, celui des émotions et inclinations bestiales, et des émotions et inclinations supérieures, celui du caractère instinctif et du libre arbitre indépendant, s’il n’y a pas un auteur des choses qui en a réglé les termes et maintenu les accords ? La seule constatation des éléments antithétiques de notre nature animale et de notre nature angélique forcerait à le penser, même en dehors des démonstrations classiques : il y a un Dieu, unique, immatériel et créateur, un Dieu infiniment savant, infiniment bon, infiniment puissant. C’est en lui que résident et ces modèles éternels des choses que sont les « idées » au sens platonicien du mot, et ces vérités éternelles, universelles et nécessaires que sont les axiomes de la Raison théorique et pratique. Il est la source première de toute vérité, de toute beauté, de toute bonté. Sachons contempler sa grandeur, adorer sa justice et sa charité, obéir à sa volonté, Pour qui s’est élevé jusqu’à la connais-