celle où il avait vu le jour. Et rien ne valait mieux — en vue d’une future candidature à la Chambre — que d’y venir pérorer au nom du gouvernement.
Pourquoi le ministre avait-il choisi Anatole Delaperche au lieu d’Edgard Lambier ?… Tout simplement parce qu’Anatole Delaperche était le cousin du chef de cabinet, lequel avait l’esprit de famille très développé, et pensa à son cousin avant de songer à son attaché. C’était, en outre, une façon de mettre en avant le chef de bureau, afin de lui faire obtenir un poste de sous-préfet qu’il ambitionnait.
Edgard Lambier n’entrait pas dans ces considérations. Et il se demandait comment il pourrait se venger de son heureux rival, lorsque soudain une pensée lui vint :
— Il y a Gustave !… Gustave va me rendre ce service-là !…
Gustave était l’ami le plus intime d’Edgard. C’était, en outre, son compatriote. Il était, lui aussi, d’Ixy-sur-Loire. Il ne pouvait manquer de ressentir, par contre-coup, l’injure faite à son concitoyen.
Donc, Edgard Lambier, ruminant tout un plan, se rendit chez Gustave Liraque :
— Tu comprends ! lui dit-il, je ne peux accepter cela !… Comme il m’est impossible de me rendre moi-même à Ixy, je compte sur toi. Tu vas aller là-bas : et tu souleveras l’indignation de la population, tu monteras une cabale contre ce Delaperche, qu’on lui fasse une belle conduite de Grenoble…
Gustave se gratta la tête… Gustave était perplexe…
— Écoute, dit-il… cela m’est aussi impossible qu’à toi. Mais pour une autre raison…
— Laquelle ?…