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dait chez le professeur en compagnie de Gaston et de Gustave.

Le savant la reçut avec les marques de la plus grande déférence.

— Madame, lui dit-il, l’être que vous portez dans votre sein est sacré. Il m’appartient, ou plutôt il appartient à la science. Et, dès maintenant, je fais, pour lui, sur ma fortune personnelle, une dotation de cent mille francs.

Cette déclaration atténua la rancune d’Amélie pour Valentin Troubelot. Cependant, il ne souriait guère à la jeune femme de partager la renommée du savant, et il lui paraissait peu agréable d’être citée dans le monde entier comme s’étant sacrifié « pour la science » en se croisant avec un singe.

Elle eut beaucoup de peine à faire accepter, par le professeur qu’il ne prononçât pas son nom dans son mémoire et qu’il se contentât de la présenter « anonymement ».

En revanche, elle dut accepter d’accoucher devant un aréopage médical et scientifique convoqué par Troubelot.

Elle le fit, non pas tant pour se venger du professeur, qu’à cause des cent mille francs qu’elle avait réussi à se faire donner à son nom, à elle.

Enfin, il y avait aussi Alfred Camus, ce pauvre vieux Alfred Camus, qui s’était soudain imaginé que l’enfant pouvait être de lui, et qui en était tout ému.

Il était redevenu plus que jamais empressé, auprès de son amie :

— Moi qui n’ai jamais eu de fils de ma défunte femme, disait-il… Je n’espérais plus un pareil bonheur… à mon âge !…

Il avait consulté des médecins. Les uns disaient oui, les autres non… C’était possible… On avait vu des cas semblables. Rien ne s’y opposait. Il avait une très bonne constitution.

On croit naturellement ce qu’on désire. Et Alfred crut ceux qui lui affirmaient qu’il pouvait être le père de l’enfant attendu. D’autre part, il aurait juré ses grands dieux qu’Amélie lui avait toujours été fidèle…

Et il s’attendrissait :

— Chère petite, lui disait-il… chère petite ! Ce sera l’enfant de ma vieillesse !