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— Maître, lui dit-il, je crois que j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer.

— Une bonne nouvelle ?… Serait-ce celle que j’attends ?

— Oui, Maître… cette femme est enceinte des œuvres du singe.

— Enfin ! s’écria le professeur… Enfin !… Ah ! Je suis heureux !… Je suis heureux !… Je le savais bien !… Brave Joko… Tu as bien travaillé…

Et, transporté de joie, Valentin Troubelot embrassa son singe.

Il embrassa aussi Samuel… Il ne contenait plus son enthousiasme !

— C’est la gloire ! s’écria-t-il, la gloire universelle, mon nom répandu aux quatre coins du globe ! Quel mémoire je vais rédiger pour l’Académie des sciences ! Et quel triomphe quand je présenterai au monde savant cet enfant de singe et d’homme !

Il pleurait, il riait à la fois. Jamais Samuel ne l’avait vu manifester une pareille exubérance.

— Et vous me dites qu’elle va venir me voir demain !

— Oui, Maître !

— Oh ! Je veux suivre sa grossesse ! Je veux la soigner moi-même, étudier tous les phénomènes qui se produiront ! Elle partagera ma gloire ! Je la citerai comme s’étant sacrifiée pour la science ! Elle ne se rend pas compte de l’œuvre grandiose à laquelle elle collabore ! Tout l’avenir de l’humanité en dépend !

Certes, Amélie, pour le moment, ne pensait nullement participer à une œuvre grandiose. Peut-être travaillait-elle tout de même à l’avenir de l’humanité, mais à sa façon. Elle était toute à son amour nouveau ; et l’on peut croire que Valentin Troubelot et l’Académie des Sciences constituaient les cadets de ses soucis.

Cependant lorsque ses amis lui expliquèrent ce qu’on attendait d’elle, elle ne se récusa pas.

— Valentin Troubelot, dit-elle, c’est ce bonhomme qui voulait me faire violer par un vrai singe ? Il mérite que je me venge de lui. Ce sera ma vengeance !

Et le lendemain, ainsi qu’il avait été convenu, elle se ren-