Ce mot fit un peu tressaillir Amélie. Mais elle ajouta elle-même :
— Viens, mon petit Loulou !… Viens vite près de moi… Tu sais que je t’aime bien…
Le pseudo Loulou paraissait décontenancé… Il regardait tour à tour son maître et Amélie.
Finalement il sauta sur un divan et s’y assit.
Le hasard avait voulu qu’il eût le même geste que Gaston lorsque l’avant-veille il s’était trouvé seul avec la jeune femme.
— C’est peut-être lui tout de même, dit celle-ci. Mais c’est étrange… il paraît tout interdit… il ne me regarde pas de la même façon.
« Et puis il me semble plus petit.
— Il n’a pourtant pas diminué depuis hier.
« Seulement, il a éprouvé une grande commotion lorsqu’il a été poursuivi à travers les rues… C’est pourquoi vous lui trouvez cet air différent…
« Il me semble qu’il a perdu la mémoire…
— Croyez-vous ?
— Oui, Vous savez que ce phénomène se produit souvent chez les hommes lorsqu’ils éprouvent une grosse émotion. C’est ce qui a dû arriver à Loulou… Aussi, est-ce pourquoi M. Raboulet m’a dit de vous le ramener.
« — Peut-être, m’a-t-il expliqué, se ressouviendra-t-il en se retrouvant auprès de cette dame chez qui il était lorsqu’il s’est enfui…
Amélie n’était pas plus psychologue qu’il ne fallait, surtout en ce qui concernait les singes.
— Pauvre Loulou ! fit-elle… C’est que c’est vrai… Il ne me reconnait même pas, moi… Et pourtant, il le devrait.
— Oh ! Si vous le caressez bien, si vous êtes douce avec lui, je suis persuadé que la mémoire lui reviendra…
— Vous êtes vétérinaire, Monsieur ? demanda Amélie.
M. Valentin Troubelot fit une grimace qu’il voulut cacher en esquissant un sourire :
— Oui, Madame… mais pour les singes, seulement…
Puis il ajouta :
— Peut-être ma présence le gêne-t-elle… Je me retire…