Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
LE GOUVERNEUR

calmer ta mère. Moi, je suis tout à fait tranquille ; je t’ai fait part de mes réflexions. Nous sommes d’avis différents. Nous verrons qui a raison. Mais en attendant, c’est le moment d’aller te coucher…

— Non, je n’ai pas sommeil. Si nous allions prendre l’air au jardin ?

— Allons !

L’obscurité les engloutit aussitôt et ils ne se virent plus ; le bruit de leurs voix et quelques heurts fortuits les empêchaient de se sentir absolument isolés. Il y avait beaucoup d’étoiles très brillantes et Alecha parvint bientôt à distinguer à côté de lui, aux endroits où les arbres étaient plus rares, la silhouette massive et haute de son père. L’obscurité, l’air, les étoiles le rendirent plus tendre envers son compagnon à peine visible et il répéta ses explications tranquillisantes.

— Oui, oui, répondait parfois le gouverneur. Mais on ne pouvait savoir s’il acquiesçait ou non.

— Comme il fait sombre ! dit l’officier, en s’arrêtant ; ils étaient au bout d’une allée et ne