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PRÉFACE

révolution et la liberté et où il a passé une des meilleures années de sa courte vie.

Soudain, dans un moment de lucidité, il s’adresse à ses amis :

— « Une prière, camarades… la dernière… quand je serai mort, chantez la Marseillaise sur ma tombe… peut-être l’entendrai-je !… Et je serai heureux… »

Il insiste : a Quand je serai mort, chantez la Marseillaise sur ma tombe… » Pour la première fois, ses yeux sont secs, mais les camarades pleurent comme des enfants.

Il mourut. Envers et contre tous, les prisonniers chantèrent la Marseillaise. « Nos voix jeunes et puissantes, dit Andréief, entonnèrent le chant majestueux de liberté. Nous chantâmes. Les fusils des soldats nous guettaient, leurs crosses heurtaient le sol, les pointes acérées des baïonnettes s’avançaient vers nos cœurs. Le chant terrible résonna de plus en plus fort et joyeux. Porté par les mains amies des compagnons de lutte, le cercueil noir s’abaissa lentement.

« Nous chantâmes la Marseillaise… »


Parmi les dernières œuvres d’Andréief et aussi les meilleures, il faut citer le Rire rouge, tableau