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EN ATTENDANT LE TRAIN

J’avais dû quitter Moscou, convoqué pour une affaire aussi désagréable qu’ennuyeuse, que je terminai seulement vers dix heures du soir. Fatigué, de mauvaise humeur, mais libre de cette préoccupation spéciale, je me dirigeais rapidement du côté de la gare, en homme qui a constamment sur lui une liste de visites quotidiennes à faire par dizaine. Je murmurais, je maudissais… qui ? vraiment je ne le savais pas. J’étais fâché contre tout le monde ; contre ceux qui m’avaient appelé pour cette affaire stupide, contre moi-même d’être venu, contre les chiens, dont je devinais l’existence en cet endroit, contre l’été humide et les ténèbres, qui régnaient déjà partout et en parti-